Contrairement à la première présentation officielle de Mac OS X, cette WWDC est très peu médiatisée : pas deffet dannonce spectaculaire à la sauce Jobs, pas de retransmission Quicktime 4 sur le Net. Bref, une simple réunion de travail entre développeurs. Cest donc en toute logique que linformation la plus importante tient elle-même du non-dit bien quelle ait été relevée par la plupart des sites Mac (en tout cas tous ceux que jai lus ;-) : Apple est à lécoute et tient compte des critiques concernant Aqua. Et pour cause : cest bien là son pari le plus fou de laventure OS X !
Quest-ce qui différencie lactuel Mac OS de tous les autres systèmes dexploitation, anciens ou récents ? Son interface et son ergonomie. Comment ? Du fait de la logique qui a présidé à sa conception. Que lon prenne Windows, tous les Unix ou tous les Linux, le principe est le même : un système à commande texte sur lequel on adapte une interface graphique (voire plusieurs dans le cas de Linux). Sur Mac, cest linterface, lexpérience utilisateur, le Finder lui-même qui a imposé la logique densemble à travers la métaphore du bureau apportant un niveau de cohérence et de finition reconnu quon ne trouve pas ailleurs.
Or, avec Mac OS X, Apple remet justement en cause le principe qui a fait son succès et sa réputation incontestée jusquici. Elle part dun noyau existant, BSD , un Unix avec ses règles préétablies très différentes de celles de Mac OS. Elle sinspire de linterface de Next/Openstep, le Workspace manager, qui bien quavancée, obéissait à la logique Unix cest à dire laissait une grande place à la ligne de commande (impensable sur Mac). Bref, les ingénieurs dApple se retrouvent dans la même position que ceux de Microsoft lorsquil leur a fallu créer linterface de Windows 95 par dessus linoxydable DOS. Et l'on se dit que la révolution Aqua tient bien moins dans ses couleurs acidulées que dans sa capacité à faire oublier Mac OS 9 en étant aussi crédible auprès des utilisateurs Mac les plus exigeants.
De plus, Apple ne peut pas se permettre les mêmes errements que Microsoft au lancement de Windows 95, pour au moins trois raisons :
- ce n'est pas sa philosophie. Elle est au contraire reconnue et appréciée pour son exigence de qualité : cousu main, fini impeccable ;
- si les utilisateurs de PC étaient, pour une bonne part, prêts à installer nimporte quoi sur leur machine en lieu et place de lantique couple Dos/Win 3.1, les utilisateurs Mac sont plus quattachés à leur système et vont pas le lâcher comme ça ;
- elle ne domine pas le marché informatique et son parc installé ne la place pas encore en position de force (doù son revirement vers une stratégie mono OS pour imposer rapidement OS X sur son propre terrain).
OS X doit donc être, sur tous les plans, le meilleur OS de sa génération : noublions pas que cest la puissance dUnix cachée sous la simplicité du Mac. Un sacré défi ! Mais, on le sait, Apple aime les défis : lancer le Mac en 84 en était un. Lancer liMac, il y a deux ans ne létait pas moins. Et elle possède pour cela quelques cartes maîtresses :
- son expérience irremplaçable avec MacOS et le Finder ;
- ce quon a découvert dAqua est plus qualléchant et, à sa première présentation, la majorité des échos ont été très positifs ;
- larchitecte en chef de Mac OS X nest autre quAvie Tevanian, le créateur de BSD et de Nexstep/Openstep ;
- la communauté Mac dans son ensemble simplique totalement dans la réussite du projet OS X (comme elle aurait probablement aimé pouvoir le faire avec Copland): qui na pas promis une nouvelle révolution à ses copains sur Mac et surtout sur PC, qui ny est pas allé de son commentaire dans les forums ou carrément dun email à leadership@apple.com ?
Mais le plus grand atout de Mac OS X, réside probablement dans ce quaujourdhui Apple écoute ses fidèles et ses utilisateurs comme elle vient de le prouver à la WWDC. Car, avant d'espérer développer ses parts de marchés avec ceux qui ne sont pas encore sur Mac, il va lui falloir, avant tout, prouver à des fidèles à lorgueil et lespoir regonflés par deux années de réussite insolente, quils ont, cette fois encore, eu raison de lui faire confiance et de patienter. Dans ce contexte, quApple décale la sortie dOS X de 6 mois est une plutôt une bonne chose : ça veut dire quelle préfère le peaufiner pour que tout soit parfait. Pour que la fête soit réussie et la victoire éclatante.
Petites corrections apportées par François Tonic :
Première idée reçu, non, on ne passe pas par la ligne de commande que se soit sous MacOS X ou MacOS X Server 1.2. L'interface cache toutes les commandes de base de l'OS, même si on peut passer par les lignes de commandes pour le piloter ! Avie n'est pas le créateur de BSD mais du micro-noyau Mach ! Il ne faut pas tout confondre. Les créateurs de NextStep sont d'anciens membres de l'équipe Macintosh d'Apple.
MacOS X reprend les mêmes principes que MacOS 8/9 dans son fonctionnement utilisateur. L'utilisateur navigue dans une interface graphique, il n'a pas besoin d'aller dans le terminal Unix. D'autre part, l'auteur confie Workspace manager et interface. Le Workspace manager n'est pas l'interface, c'est une métophore du Desktop !