Avec tous les changements intervenus dans l'année au sein de la communauté Macintosh, on est en droit de se demander si les entreprises habituées au monde 'Wintel' continuent de résister aux charmes des ordinateurs à la petite pomme.
Si les petites et moyennes entreprises ont moins de contraintes pour changer leur parc informatique, il n'en va pas de même pour les grandes entreprises, que l'on nomme parfois Grands Comptes. La petite mésaventure que nous allons vous raconter démontre qu'Apple a encore du pain sur la planche pour convaincre ces fameuses entreprises qui sont décidément très conservatrices dans leur manière d'aborder l'informatique.
Cela se passe dans une grande société européenne dont nous ne pouvons citer le nom pour des raisons que vous comprendrez vite. Disons simplement que cette grande entreprise a un parc de plusieurs milliers de PC's reliés à quelques centaines de serveurs.
Je travaille au sein d'un Helpdesk. Mon travail consiste à résoudre les problèmes que nos utilisateurs rencontrent avec leur PC. Le moins que je puisse dire c'est que la plate-forme Windows nous apporte pas mal de problèmes à résoudre. Je ne m'en plains pas puisque cela m'apporte du travail. Mais je me suis dit que puisque les ordinateurs Macintosh posaient moins de problèmes que les PC's pour l'utilisateur final, pourquoi ne pas essayer de faire un peu "d'évangélisation". J'aurais mieux fait de rester tranquille...
Donc armé d'un optimisme gonflé à bloc, je parle du Mac à mes collègues chaque fois que je le peux et aux différents utilisateurs qui se plaignent de leurs PC's récalcitrants. Puis un jour, je décide d'ajouter des petits commentaires à tous mes mails, après ma signature habituelle. Ces petits commentaires disent en 2 lignes les avantages du Macintosh par rapport au PC, un peu à la manière de ce que l'on trouvait dans la mailing-list Evangelist, créée par Guy Kawazaki. Je me rappelle encore même une certaine étude du Gartner Group qui concluait qu'ajouter des Mac's à un réseau uniquement constitué de PC's faisait diminuer les coûts d'exploitation. Apparemment, j'étais trop naïf. C'est un des commentaires qui a fait déborder la coupe. Mes supérieurs m'ont très fortement conseillé d'arrêter tout de suite cette pratique. La raison invoquée était que cela faisait désordre, que la division informatique avait pris la décision d'utiliser uniquement des PC's et que mes commentaires allaient dans le sens contraire des directives officielles. On m'a donc contraint d'arrêter d'ajouter mes petits commentaires à mes mails officiels sinon... sinon je devais aller m'expliquer à la hiérarchie supérieure. On m'a fait sentir que si je persistais, je risquais de sérieux problèmes. En un mot un C4 (ndr: formulaire signifiant un renvoi définitif). Même si cela n'a pas été dit explicitement, j'ai senti le boulet passé très près de ma tête... Et quand on repense aux factures mensuelles à payer, tout d'un coup on se sent moins rebelle."
Cette expérience s'est produite il y a environ 3 ans. Aujourd'hui, l'entreprise en question se refuse toujours à envisager la solution Mac. Pourtant elle reconnaît que le passage vers Windows 2000 va coûter très cher. Actuellement les PC's viennent tout juste d'être stabilisés en environnement Windows NT/Windows 95. On ne parle même pas de Windows 98... Il faut dire qu'avec plus de 15000 PC's, le lien avec Microsoft est plus que cordial. Mais le parc lui-même n'est pas homogène: il y a plusieurs marques de PC's. Ce qui ne fait que compliquer la tâche des helpdesks de l'entreprise dans la mesure où plus de 200 applications différentes sont sensées tourner sur ces PC's...
Que conclure de cette mésaventure? Il ne s'agit pas là d'une petite anecdote insignifiante. D'autres techniciens ont sans nul doute ressenti un sentiment semblable que nous qualifierons de "racisme technologique". L'expression est peut-être colorée mais comment expliquer le comportement de décideurs chargés de gérer un département au moindre coût alors que la réalité est pour le moins contradictoire. D'autre part, ce n'est pas sans rappeler le comportement d'une certaine presse qui ne se prive jamais d'invectiver la communauté Macintosh sous couvert d'arguments pseudo-techniques.
Steve Jobs a encore pas mal de travail pour convaincre que le Mac est au moins aussi bien que le PC face à ce genre d'entreprises. Mac OS X est une des cartes maîtresses qu'il s'agit d'abattre rapidement et profiter ainsi de la sortie tardive de Windows 2000.