Un Operating System c'est comme du saucisson. De l'extérieur c'est beau mais à l'intérieur beûrk! Ainsi s'exprima Jean-Louis Gassée au milieu des années 90 lorsqu'il présenta son fameux BeOS pour justifier la constitution cristalline de son système d'exploitation orienté multimedia.
Nous sommes déjà en l'an 2000 et rien n'a vraiment changé. La hiérarchie des fichiers Windows reste toujours un imbroglio tandis que celle de Mac OS se perd en conjecture avec, à chaque mise à jour, de nouveaux dossiers dans le Dossier Système. Mac OS enfle jusqu'à atteindre aujourd'hui une saturation certaine. J'ai un PowerMac G3/266 (384 Mo de RAM) avec lequel je fais de la PAO, du Web, de la vidéo, de la bureautique, Tout cela demande un nombre considérable de ressources: 53 Tableaux de Bord potentiels, 287 Préférences rien qu'à la racine du dossier, 629 Extensions potentielles! Une dispersion infernale qui pousse Conflict Catcher dans ses derniers retranchements. Même le processeur ne sait plus où donner de la tête. Trop c'est trop! Pour déplacer une application Adobe, point de salut sans réinstallation. Il paraît que l'architecture de Mac OS X permettra de placer tous les éléments nécessaires au bon fonctionnement d'une application dans un seul dossier. C'était déjà le cas avec Quark XPress ou Adobe Premiere. Là où InDesign fait très fort, c'est qu'il ne fait presque pas appel au Dossier Système puisqu'il gère lui-même les fontes de son propre dossier "Fonts". Les applications deviennent de plus en plus leur propre système d'exploitation.
Voilà une tendance que l'on ne peut que saluer. Chaque logiciel devrait faire l'objet d'un Risorgimento*: toutes les ressources utilisées par un logiciel dans le dossier de celui-ci! C'est la notion de package qui contient tout ce qu'il faut pour faire fonctionner l'application (Libs, Aides, Extensions, ). On m'a expliqué que si les ressources sont actuellement partagées dans les dossiers Extensions et Tableaux de Bord, c'est pour qu'elles soient plus facilement retrouvées par la tête de lecture lors du démarrage. Ouaip! On a peut-être gagné quelques secondes au démarrage du Mac mais pour retrouver une Lib ou une Préférence, bonjour le casse-tête.
En fait, même Apple ne sait pas encore dire avec certitude quelle sera l'architecture précise de MacOS X du point de vue des Extensions. On s'acheminerait, dit-on, vers une structure alvéolaire comme je le souhaiterais: le dossier de l'application regroupe tout ce dont l'application a besoin Fini les Extensions qui patchent le Système. Attendons pour voir.
Aqua ça rime?
L'occasion parfaite pour lâcher quelques impressions sur Aqua, l'interface de Mac OS X. Franchement, en revoyant la démo de Steve Jobs lors de MacWorld San Fransisco, on a vraiment l'impression qu'il n'y a que lui qui est vraiment convaincu. Et les waows dans le public n'ont vraiment été significatifs que losque le iCEO d'Apple a finalement montré que l'interface était paramétrable pour choisir la taille des icônes. J'ai installé l'interface et je dois vous avouer mon scepticisme. Pour travailler la chromie d'une image, j'ai du masquer l'interface car toutes ces petits boutons de couleurs sont bruyants.
Qu'est-ce qui fait la beauté, la puissance et la simplicité de Mac OS par rapport à l'affreuse interface de Windows? C'est sa neutralité grâce aux gris clair platine. Dans la neutralité, tout le monde s'y retrouve. Mac OS X est un parti pris: selon Apple, le jaune exprime la diminution d'une fenêtre et le rouge la fermeture. Personnellement, le rouge signifie davantage l'enregistrement et le noir la fermeture. A noir, E blanc, I rouge, Voilà déjà un premier désaccord.
Ensuite, Jobs prétendrait que le gigaflop des G4 est de trop et voudrait utiliser les capacités du processeur pour la déformation des images lorsqu'elles entrent et sortent du Dock. J'aimerais plutôt que le résiduel des gigaflops soit utilisé pour une gestion plus efficace et plus rapide des fichiers. Lorsque j'enregistre un fichier Photoshop sur le Bureau, il met parfois 10 secondes avant d'apparaître. J'aimerais aussi que lorsque je copie sur le réseau, les autres opérations ne soient pas ralenties. Utilisons le gigaflop intelligemment et laissons les acrobaties du Dock Mac OS X comme une option dans le fin fond perdu d'un panneau de configuration pour ceux que ça amuse. Les pros n'aiment pas les gadgets.
Troisième pomme de discorde (du moins entre Steve et moi, svp :o) : le Finder. Si le style NextStep est efficace pour un serveur de fichiers, je ne le trouve pas du tout appropié en PAO par exemple, secteur de prédilection du Mac. L'interface NextStep est idéale pour gérer les longues listes, lorsqu'on ne connaît pas très bien la hiérarche d'un dossier, et permet d'avoir une meilleure vue d'ensemble. Mais en ce qui concerne la PAO ou la vidéo, je sais très bien où se trouvent mes illustrations, mes scans, mes sons, et une seule fenêtre Finder verticale suffit. Inutile de dérouler cinq colonnes sur toute la largeur de l'écran.
Alors pitié, pas de Mac OS X Bondi Blue, Tangerine, Virtual PC ou que sais-je
* Risorgimento: mouvement politique, social, culturel et idéologique du XIXe siècle qui permit l'unification des régions italiennes en un Etat national, unifié et indépendant.